Nasr ad-Din Juha était quelqu’un de simple qui vivait dans un petit village. Il était cordonnier et plutôt bon. Mais, il n’était ni très savant, ni très riche, ni très fort ni beau. C’était un homme simple. Mais c’était un homme joyeux et content, toujours avec le sourire.
Juha a vieilli sans avoir d’enfants. Sa femme est décédée depuis bien longtemps et il ne s’est jamais remarié. Il n’avait pas de frères et sœurs ni de proches. Jusqu’à la fin de ces jours, il se réveillait à l’aube et se rendait à la mosquée pour prier le Fajr. De là, il se rendait à son atelier où il travaillait assidûment toute la journée.
Et alors, lorsqu’il se faisait vieux, un jeune homme vint vers lui. Il voulait apprendre le métier de Juha, l’aider et hériter de son atelier. Juha a accepté. Il s’appelait Abdullah.
Un jour, Abdullah a demandé à Juha : « Comment se fait-il que tu sois si joyeux et content alors que tu n’as pas de famille ni de femme ni d’enfants. Quand Allah ne t’a pas donné ni de connaissance ni de richesse. Et quand tu n’es pas connu pour autre chose que d’être un bon cordonnier et quelqu’un de gentil ? »
Juha répondit en souriant : « Peut-être qu’Allah ne m’a pas octroyé la richesse parce que j’aurais devenu méchant et cela m’aurait corrompu. Peut-être ne m’a-t-Il pas donné une vaste connaissance parce que cela m’aurait rendu fier et arrogant. Et peut-être ne m’a-t-Il pas procuré d’enfants parce que je n’aurais pas été devenu un bon parent et que je les aurais élevés en les rendant injusties.
Quant à ma femme, je l’aimais beaucoup, mais elle aimait Allah beaucoup plus. Comment pourrais-je trouver à redire là-dessus ? Elle est seulement passée avant moi et je vais la rejoindre bientôt.
Mais Allah m’a fait don de deux mains et m’a appris à confectionner des chaussures pour que je n’aie pas à mendier et que je puisse donner un peu d’aumône pour réparer mes erreurs. Et Il m’a prolongé la vie pour que je puisse L’adorer. Comment puis-je ne pas être reconnaissant et satisfait ? »
La Raison Derrière La Joie Et Le Contentement De Juha
Qu’est-ce qui a rendu Juha un homme reconnaissant et satisfait ?
Sa bonne opinion d’Allah et de la création. Avoir une bonne opinion, c’est chercher le bien et s’attendre au bien. Le Prophète (Salla Allah Alayhi Wa Sallam) a dit :
« En vérité, avoir une bonne pensée d’Allah fait partie de l’excellence dans l’adoration d’Allah. » (Tirmidhî)
Il a aussi dit:
« Allah dit : S’il pense du bien de Moi, il l’aura. Et s’il pense du mal de Moi, il l’aura. » (Ahmad)
Comment Nos Opinions Nous Aident A Interpréter Le Monde
Nous nous comprenons nous-mêmes et le monde sur la base de nos connaissances et de nos expériences. Cela crée nos opinions, ce que nous pensons de quelque chose. Sur cette base, nous interprétons ce qui nous arrive.
Nous recevons constamment des stimulis. Un stimulu est tout élément d’information perçu avec nos sens et qui, par l’intermédiaire de notre système nerveux, atteint notre cerveau. Lorsque cette impulsion électrique que nous appelons « stimulu » atteint notre cerveau, nous devons l’interpréter pour lui donner un sens.
Imaginez que vous marchez et que vous voyez un animal poilu à quatre pattes. Qu’est-ce que c’est? Il peut s’agir d’un chien, d’un chat ou de tout autre animal correspondant à cette description. La lumière rebondit sur l’animal et attire votre attention. C’est un stimulant. Votre système oculaire transforme cela en une impulsion électrique et l’envoie à votre cerveau. Votre cerveau interprète cette impulsion en fonction de vos connaissances antérieures pour décider de quel type d’animal il s’agit.
Mais pas seulement. Disons que vous avez vu un chien. Comment vous sentez-vous ? Peut-être que vous avez déjà eu de mauvaises expériences avec des chiens et que vous vous sentez un peu effrayé. Ou peut-être que vous avez eu de bonnes expériences et que le chien a l’air inoffensif et que vous vous sentez enclin à le caresser.
C’est ainsi que nos opinions affectent la façon dont nous percevons les choses et dont nous y réagissons. Chaque jour, à chaque instant, nous recevons des stimulis et les interprétons. C’est ce qui nous fait voir quelque chose sous un bon ou un mauvais jour.
L’optimisme Du Prophète Mohammad
Le Prophète (Salla Allah Alayhi Wa Sallam) a dit :
« Je suis émerveillé par l’optimisme, le bon mot, le gentil mot. » (Boukhârî)
Selon Ibn `Abbâs :
« Le Messager d’Allah (Salla Allah Alayhi Wa Sallam) était optimiste et il ne voyait pas de mauvais présages, et aimait les beaux noms. » (Ahmad)
C’est ce que la psychologie appelle aujourd’hui la « pensée positive ». C’est devenu une branche d’étude au sein de la psychologie. Il vise à aider les gens à mener une vie meilleure.
Mais Tout Ce Qui Arrive N’est Pas Bon Et Tout Le Monde N’est Pas Gentil
Que nous ayons une bonne opinion des autres ne signifie pas d’être naïfs. Cela signifie que nous ne cherchons pas le mauvais et essayons plutôt de voir le côté positif des choses.
Les expériences tragiques et douloureuses font partie de la vie et avoir une bonne opinion n’y changera rien. Cela ne signifie pas que nous nous attendons toujours à ce que tout le monde soit gentil. Cependant, cela peut changer la façon dont nous abordons ces expériences et les traitons, et du même coup nous aider à réduire nos préjugés et à essayer de comprendre d’où vient l’autre personne.
Par exemple, avoir une bonne opinion d’Allah peut signifier que lorsque quelque chose de difficile nous arrive, nous essayons de trouver quel est le bien qu’Allah y a mis pour nous. Ce que nous pouvons apprendre de cette expérience. Le Prophète (Salla Allah Alayhi Wa Sallam) a dit :
« Que le cas du croyant est étonnant ! Tout ce qui le concerne est un bien, et cela n’appartient à personne d’autre qu’au croyant : Si un bonheur l’atteint, il se montre reconnaissant et c’est un bien pour lui. Et si un malheur l’atteint, il se montre patient, et c’est un bien pour lui. » (Boukhârî)
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