Ce dernier hiver, j’ai eu une panne de voiture et j’ai commencé à être incroyablement frustrée par mon véhicule.
C’était un modèle de 2001, pratiquement en train de s’effondrer de part et d’autres. J’avais l’impression que tous les mois ou deux, je déboursais quelques centaines de dollars pour faire remplacer ou réparer différentes pièces.
J’ai finalement décidé qu’il était temps pour moi d’acheter une voiture plus récente.
Comme la plupart des gens qui cherchent à acheter une voiture, j’ai passé des semaines à parcourir le concessionnaire automobile et à tester différentes marques et modèles.
Pour une raison quelconque, cependant, aucune des voitures ne me convenait parfaitement.
J’ai fait des invocations, demandant à Allah (l’Exalté) de me bénir avec la voiture qui me convenait le mieux.
Après quelques semaines de recherche, mon père a reçu un appel téléphonique de l’un de ses anciens amis.
Cet homme voyageait à l’étranger pendant une longue période et avait besoin de vendre sa voiture.
Alors il a demandé à mon père si sa fille Asmaa aimerait avoir cette voiture en cadeau.
Je ne savais pas comment il a su que j’avais besoin d’une voiture. Mais, ma réponse a été un OUI retentissant !
Le lendemain, je suis allée chercher la voiture chez l’ami de mon père. Et nous nous sommes assurés que tous les papiers étaient en règle. Mais, ce qui s’est passé ensuite m’a vraiment surpris.
Lorsque je l’ai remercié pour son don incroyablement généreux, il a agi comme si c’était moi qui lui rendais service.
Cela peut être un peu inconfortable de recevoir un si gros cadeau. Et j’étais vraiment très nerveuse en me rendant chez lui.
Cependant, son attitude m’a tout de suite mise à l’aise.
Quand j’ai regardé la voiture, j’ai remarqué qu’elle était parfaitement propre. (Avoir une voiture propre au milieu d’une route boueuse et sale). Il l’a clairement fait laver spécialement pour moi.
Lorsque je suis montée dans la voiture et que j’ai démarré le moteur, j’ai remarqué que le réservoir d’essence était complètement plein.
Il avait également mis un nouveau désodorisant à la vanille dans la voiture. Et il y avait un seul CD à côté du levier de vitesse – Juz ‘Amma (le 30e chapitre du Coran) récité par Muhammad Jibreel.
L’état de la voiture m’a immédiatement rappelé comment `A’îcha (qu’Allah l’agréé) faisait avec l’argent avant de le donner en charité.
Elle avait l’habitude d’imprégner les pièces de monnaie avec du parfum avant de les placer entre les mains de ceux qui en avaient besoin.
Lorsqu’on lui demandait pourquoi elle le faisait, elle répondait que l’aumône atteindrait Allah (l’Exalté) avant qu’elle ne touche les mains des nécessiteux.
Le tout premier mot qui m’a venu en esprit alors que j’étais assise dans ce véhicule fraîchement nettoyé et fraîchement parfumé était : Ihsân.
Non seulement l’ami de mon père a voulu m’offrir cette voiture – un acte très généreux en soi – mais il l’a fait de la manière la plus gentille et la plus noble possible.
Il s’est assuré qu’elle était prête à rouler à cent pour cent, qu’elle avait l’air propre et sentait le frais, et que j’aurais même quelque chose à écouter en partant !
Il n’avait rien à faire de tout cela. J’aurais été tout aussi heureuse de prendre une voiture qui avait besoin d’être nettoyée ou qui n’avait presque plus d’essence.
C’était encore une voiture, après tout ! Mais il pratiquait l’Ihsân.
Qu’est-Ce Que l’Ihsân ?
Le mot « Ihsân » en arabe est dérivé du mot « ahsana », qui signifie en gros « mieux faire les choses ».
Dans un hadith bien connu du Prophète (Salla Allah Alayhi Wa Sallam), Gibrîl vient à lui sous la forme d’un homme et lui pose une série de questions concernant l’Islam, l’Imân et l’Ihsân. `Omar (qu’Allah l’agrée) raconte :
“Un jour, alors que nous étions assis auprès du Messager d’Allah (Salla Allah Alayhi Wa Sallam) voici que nous apparut un homme aux habits d’une vive blancheur et aux cheveux d’une noirceur intense, sans trace visible de voyage, personne parmi nous ne le connaissait.
Il vint s’asseoir en face du Prophète (Salla Allah Alayhi Wa Sallam), plaça ses genoux contre les siens, posa les paumes de ses mains sur ses deux cuisses et dit : “Ô Mohammad ! Informe-moi au sujet de l’Islam!”
Le Messager d’Allah (Salla Allah Alayhi Wa Sal lam)lui répondit alors : “L’Islam est que tu témoignes qu’il n’y a pas de divinité [digne d’adoration] si ce n’est Allah et que Mohammad est le Messager d’Allah ; que tu accomplisses la prière ; verses l’aumône légale ; jeûnes durant le mois de Ramadan ; et effectues le Pèlerinage à La Demeure [Sacrée] si tu en as la possibilité.”
– “Tu as dit vrai !”, dit l’homme. Nous nous étonnâmes de le voir interroger le Messager d’Allah (Salla Allah Alayhi Wa Sallam), puis l’approuver [ensuite]. Il poursuivit : “Informe-moi au sujet de la foi (Al-Imân) !”
– “C’est que tu croies en Allah, en Ses Anges, en Ses Livres, en Ses Messagers, au Jour Dernier et au Destin imparti en bien ou en mal”, répliqua le Messager d’Allah. – “Tu as dit vrai !”, répéta l’homme qui poursuivit [en demandant] : “Informe-moi au sujet de la vertu (Al-ihsân) !”
Le Prophète (Salla Allah Alayhi Wa Sallam) répondit : “C’est que tu adores Allah comme si tu Le voyais. Car si tu ne Le vois pas, Lui, il te voit certainement !”
Sur la base des réponses du Prophète à Gibrîl, les érudits se sont aventurés à dire qu’il existe trois niveaux de foi.
Le premier niveau est l’Islam. C’est la soumission à Allah et le témoignage qu’il n’y a personne digne d’adoration en dehors de Lui.
Par définition, proférer le témoignage de foi vous rend responsable en ce sens que vous devez accomplir les bases de la foi énumérées dans le hadith susmentionné.
Deuxième Niveau : Imân
Le deuxième niveau est Imân. C’est une compréhension plus approfondie de la religion qui fait pénétrer la vraie croyance dans votre cœur. Non seulement vous pratiquez les bases de la foi, mais vous avez également la certitude de croire et vous êtes sur la voie d’approfondir vos connaissances.
Bien que les deux niveaux semblent être liés, il est techniquement possible d’être musulman sans nécessairement être un Mou’min (celui qui a l’Imân).
Par exemple, lorsqu’une tribu d’Arabes est venue voir le Prophète pour accepter l’Islam, ils lui ont dit : «Nous avons la foi ». Sa réponse a été enregistrée dans le verset suivant :
« Les Bédouins ont dit : “Nous avons la foi”. Dis: “Vous n’avez pas encore la foi. Dites plutôt: Nous nous sommes simplement soumis, car la foi n’a pas encore pénétré dans vos coeurs. Et si vous obéissez à Allah et à Son messager, Il ne vous fera rien perdre de vos oeuvres”. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » (Coran 49 : 14).
Le niveau final de la foi est Ihsân. C’est d’adorer Allah (l’Exalté) comme si vous Le voyiez, ou du moins en sachant qu’Il vous voit.
C’est l’étape finale et la plus élevée. Un état d’être où vous êtes constamment conscient qu’Allah (l’Exalté) a la pleine connaissance de tout ce que vous faites.
Avec cette prise de conscience vient le désir de vous pousser non seulement à faire de bonnes actions, mais aussi à les perfectionner.
`Aîcha (qu’Allah l’agréée) n’a pas seulement donné de sa richesse ; elle l’a fait d’une belle manière qui a honoré la personne qui reçoit l’aumône.
Ce n’est qu’une de ses pratiques qui la distinguaient.
Si vous considérez ces trois niveaux comme une série de marches sur un escalier, vous comprendrez que vous ne pourrez peut-être pas sauter de bas en haut d’un seul bond.
Si vous commencez votre voyage d’apprentissage et de foi en prenant trop de choses, trop vite, vous risquez de perdre pied, de dégringoler ces marches et de vous blesser.
Tout comme le Coran a été révélé au cours de 23 ans, l’Islam a été apporté au peuple selon une méthode graduelle.
S’il était descendu d’un seul coup, avec chaque commandement et règle en place, il aurait été difficile pour les gens de commencer à pratiquer.
Au lieu de cela, cela a entraîné de profonds changements sociétaux parce que les gens ont eu le temps de changer.
Les compagnons du Prophète (Salla Allah Alayhi Wa Sallam) ont eu le temps de passer de l’Islam à l’Imân puis à l’Ihsân.
La nature même de la révélation qui se fait par étapes, et au cours de deux décennies qui ont suivi, nous enseigne l’importance de ce genre de travail cohérent.
Lorsque nous voulons apporter des changements durables dans nos vies et nos communautés, nous commençons petit et grandissons régulièrement.
Nous montons les marches et nous nous assurons d’avoir une assise solide avant d’avancer.
Retour A Ma Voiture
Alors que je partais dans mon nouveau véhicule ce jour-là, je me souriais à moi-même.
Pendant de nombreuses années avant que cela n’arrive, je connaissais l’ami de mon père comme un bon père pour ses propres enfants et un croyant gentil et généreux.
Il avait cette réputation dans notre communauté, même avant ma naissance.
Bien que je ne puisse scruter les intentions de quiconque, il me semble que leur connaissance du regard toujours vigilant d’Allah les motive à saisir toutes les occasions de Le servir.
C’est sa constance pendant des décennies en tant qu’homme de bien qui lui a permis de faire un effort supplémentaire lorsqu’il accomplit une bonne action. C’était devenu une seconde nature pour lui.
Ce jour-là, j’ai su qu’Allah (l’Exalté) m’avait bénie pour voir comment l’ihsân peut être pratiqué dans notre vie quotidienne.
Parfois, il suffit d’une petite touche finale à une bonne action pour la faire passer de bonne à excellente.
Mais cette touche finale, qui semble si simple aux yeux d’un observateur, est en fait le produit d’années d’escalade régulière et de culte constant.
Puisse Allah (l’Exalté) nous accorder la possibilité de développer notre foi jusqu’à ce que nous soyons capables de Le servir avec perfection.
Pour consulter le texte originel en anglais, veuillez visiter ce lien.