Le Prophète a mobilisé les jeunes sous sa bannière par l’autonomisation. Sur tous les continents et toutes les cultures, l’autonomisation des jeunes est l’un des programmes/processus les plus discutés et appliqués dans le monde aujourd’hui. Les sociétés prospères offrent aux jeunes davantage de possibilités de mettre à profit leurs compétences et leurs talents. C’est une façon pour les jeunes d’apporter des changements positifs dans leur vie et dans celle des autres.
Le besoin d’agir et d’avoir le sens de l’autorité est un facteur vital pour les jeunes. C’est un mécanisme par lequel ils explorent le “monde réel” et voient où ils “appartiennent”.
La jeunesse est une phase de la vie, si elle est bien dirigée, peut être un moyen de positivité immense et de bien. Cependant, si elle est mal dirigée, elle peut être un moyen de destruction et mène à des conséquences tragiques.
Malheureusement, nous constatons qu’un pourcentage énorme de jeunes de la période contemporaine adopte des comportements nuisibles et des habitudes malsaines, ce qui n’est pas propice à rendre le monde meilleur.
Le Prophète était pleinement conscient du potentiel de la jeunesse. Avec sa prévoyance incroyable, il a profité et responsabilisé les jeunes de sa communauté. On leur a appris à être de vrais «hommes» et de vraies «femmes» et en effet leur grandeur était visible à travers les contributions extraordinaires qu’ils avaient laissées derrière eux.
Zayd Ibn Tâhbit
Zayd ibn Thâbit faisait partie de la génération de jeunes qui avaient été habilités par le Prophète. Il avait à peine treize ans lorsqu’il vint demander au Prophète la permission d’assister à la bataille historique de Badr [1]. Il ne fut pas autorisé à rejoindre l’armée musulmane, car il était trop jeune à l’époque.
Cependant, cela n’empêcha pas Zayd de contribuer à la cause de l’islam. Le Prophète vit que Zayd avait une intelligence vive et une soif inébranlable de connaissances. Par conséquent, il l’habilita en lui confiant une mission d’étude. Il lui dit : « Zayd, apprends-moi l’écriture des Juifs. » [2]
Avec enthousiasme, Zayd se mit à apprendre l’hébreu et peu de temps après, la langue syriaque. Ce jeune homme brillant devint finalement l’interprète et le scribe du Prophète.
Sous le califat d’Abou Bakr, il fut nommé pour diriger le vaste projet de compilation du Coran sous forme de livre. [3] Il était un expert du Coran et un érudit du plus haut calibre.
Jusqu’à ce jour, quiconque ouvre un exemplaire du Coran est redevable à jamais au grand érudit de la jeunesse, Zayd ibn Thâbit, pour son service exceptionnel à l’Islam.
Ce cas nous présente des leçons très précieuses. La méthodologie du Prophète pour identifier les compétences de Zayd, puis lui donner les moyens d’en tirer parti, fut l’une des principales raisons de son succès. Il est impératif pour nous d’identifier les talents au sein de nos communautés et de les mettre en œuvre afin d’apporter des changements positifs.
Mos` ab Ibn ` Omayr
Le Prophète investit dans les jeunes et plaça sa confiance en eux. Il n’hésita pas de leur confier des rôles pivots malgré leur âge. Cela donna aux jeunes un sentiment d’« appartenance ». Les jeunes se sentaient spéciaux parce que le Prophète leur avait confié de sérieuses responsabilités. Prenez Mos`ab ibn `Omayr à titre d’exemple.
Mubarakpuri écrit,
«Après le Pacte d’Allégeance d’Al-`Aqaba, le Prophète envoya à Yathrib (Médine) Mos`ab ibn `Omayr ayant déjà participé à la bataille de Badr, comme le premier ambassadeur musulman pour enseigner au peuple les doctrines de l’Islam, leur donner des conseils pratiques et tenter de propager l’islam parmi ceux qui professaient encore le polythéisme. » [4]
Le Prophète choisit Mos`ab pour mener à bien la tâche d’enseigner l’islam aux habitants de Yathrib, tandis que de nombreux compagnons plus âgés et plus expérimentés étaient présents, comme Abou Bakr, `Omar, `Othman, `Alî et d’autres. Il savait que Mos`ab était pleinement capable et l’habilita donc à travers cette mission honorable.
Yahiya Emerick note dans sa biographie du Prophète,
« Mos`ab était un excellent choix. Avant sa conversion, il était un enfant oisif et riche qui se livrait à de grands luxes aux dépens de sa famille.
Mais, il avait depuis réorienté sa vie vers la prière et la vie simple. Pendant son séjour à Yathrib, il réussit à convertir de nombreux Arabes des deux tribus à l’islam, y compris plusieurs chefs éminents de clan. » [5]
Moubarakpuri commente en outre,
« Mos`ab resta à Médine pour mener à bien sa mission avec constance et succès jusqu’à ce que toutes les maisons des ‘Anssâr aient des éléments musulmans, hommes et femmes. » [6]
Oussâma Ibn Zayd
Confier aux jeunes des rôles de leadership peut être une tâche ardue, mais si cela est fait avec précision et réflexion, les résultats seront étonnants.
Après le pèlerinage d’adieu, une grande armée fut organisée et déployée en Syrie. Abou Bakr et `Omar furent impliqués dans cette campagne. Mais le Prophète nomma le jeune Oussâma ibn Zayd pour diriger l’armée.
Al-Banna déclare très succinctement :
« Oussâma était alors un jeune homme d’à peine vingt ans. Sa nomination était pour honorer le nom de son père qui avait été tué alors qu’il commandait la bataille de Mou’ta.
Une telle nomination était également sûre de remuer dans le sang de la jeunesse la plus grande détermination et bravoure. Il fut également conçu comme un exemple pour la jeunesse de l’Islam pour porter le fardeau d’une grande responsabilité. » [7]
Le « fardeau d’une grande responsabilité » était un esprit profondément cultivé dans le cœur et l’esprit des jeunes. Confier à Oussâma un rôle aussi important ne l’a pas seulement responsabilisé en tant que jeune, mais a également créé un précédent pour l’ensemble de la communauté.
Naturellement, certaines personnes se sentaient mal à l’aise avec Oussâma comme commandant. Le Prophète se leva sur sa chaire et dit :
« Ô hommes ! Menez l’expédition sous Oussâma. Votre plainte contre sa généralité est du même ordre que votre plainte contre la généralité de son père avant lui. Par Allah ! Oussâma est aussi apte au poste de général que son père. » [8]
On peut en déduire que pour faire avancer une cause et établir une communauté viable, les aînés doivent déléguer des rôles importants aux jeunes et leur faire confiance. Cela créera une culture de respect parmi la jeune génération envers celle plus âgée. De plus, cela générera de nouveaux leaders capables de relever de nouveaux défis dans un monde en constante évolution.
Sur une période de vingt-trois ans, le Prophète (Salla Allah Alayhi Wa Sallam) accomplit avec succès sa mission et éleva une génération de jeunes qui avaient porté la lumière de l’islam aux quatre coins du monde.
Leçons Eternelles
En les traitant avec amour, le Prophète put établir des relations étonnantes avec les jeunes de son temps. Sa vision et sa mise en œuvre de l’autonomisation des jeunes donnèrent victoire sur victoire et se poursuivirent au profit des générations à venir.
Il y a d’innombrables leçons pour le monde contemporain à tirer de la Sîrah en ce qui concerne la jeunesse.
À une époque où notre jeune génération a perdu son sens de l’orientation et sa boussole morale dans la vie, il est grand temps d’étudier la vie du Prophète Mohammad. Il se peut qu’ainsi nous soyons en mesure de nous réorienter vers ce qui est sain et productif pour nos jeunes et notre monde.
1] Abdul Wahid Hamid, Companions of the Prophet, vol.2 (London: Muslim Education & Literary Services, 2003), 70.
[2] Ibid., 72.
[3] Ibid., 74.
[4] Mubarakpuri, 187.
[5] Yahiya Emerick, Critical Lives, (Indiana, Alpha Books, 2002), 110.
[6] Mubarakpuri, 188.
[7] Al-Banna, The Sirah of the Final Prophet (Swansea: Awakening Publications, 2002).184.
[8] Al-Banna, 186.
Pour consulter le texte originel en anglais, veuillez visiter ce lien.