C’est un des premiers hadith que j’ai lu.
« La vie d’ici-bas est la prison du croyant et le paradis du mécréant. » (Mouslim)
J’ai eu du mal à me faire à l’idée. J’ai pensé : « Est-ce que cela signifie que la vie me sera telle une prison maintenant que je suis devenue musulmane ? Serai-je limitée au point de me sentir comme une prisonnière ? »
Malheureusement, sans une bonne compréhension du hadith, cela m’a aigri sur l’islam. Cela a mis à mal ma foi qui vient de naître. J’ai regardé autour de moi et j’ai vu que, oui, ceux qui n’avaient pas choisi de croire menaient une très bonne vie, faisant tout ce que leurs désirs leur ordonnaient de faire.
Personne ne veut volontairement se sentir prisonnier nulle part. Mais ici, selon le hadith, j’essayais d’être prisonnière dans cette vie de musulmane. C’était contre-intuitif, pensai-je. Alors j’ai commencé à réfléchir à ce que signifie être prisonnier.
En tant que prisonnier, vous êtes tenu à l’écart de deux choses que vous aimez le plus :
1- Votre domicile, là où il y a repos et confort
2- Vos proches qui vous procurent joie et épanouissement.
Alors, quel rapport cela a-t-il avec le hadith ?
Domicile
« Le corps matériel est une prison pour le croyant… Non parce que cette vie est misérable pour l’âme croyante, mais parce que cette âme aspire à être quelque part plus grande. Elle aspire à se rendre au Domicile.
Peu importe à quel point cette vie est merveilleuse pour un croyant. C’est une prison comparée à la vie Parfaite qui l’attend. […] Mais cette vie mondaine est ce qui empêche cette âme de revenir – pendant un certain temps. C’est la barrière, la prison. » Yasmin Mogahed a-t-elle écrit.
J’ai réalisé que c’est le but du hadith. Celui qui ne croit pas en Allah et en l’au-delà considérait que c’était la seule destination. Et en pensant ainsi, le mécréant essaie de faire de cette vie son domicile et son paradis.
Mais ce monde est imparfait. Ce n’est pas la vraie demeure de l’âme. C’est un terrain d’essai où le corps tombe malade, la catastrophe frappe et où nous sommes constamment déçus. Le mécréant fait un paradis imparfait dans cette vie, refusant de lutter pour le parfait.
C’est comme essayer de rendre le corps satisfait d’une cellule sombre et inconfortable sans se rendre compte qu’il se trouve dans une prison. Le mécréant dépense son énergie et son temps à essayer de rendre la cellule confortable et agréable pour les sens corporels, tout en niant le désir de l’âme pour sa véritable demeure dans le manoir qui attend juste devant les portes.
Mais le croyant sait que la cellule n’est que temporaire et passe son temps et ses efforts à lutter pour le vrai foyer, sachant avec certitude que ce manoir est juste assez proche.
Ainsi la vie de ce monde est une prison pour le croyant et un paradis pour les mécréants. Le croyant comprend la réalité de sa situation.
Etres Chers
Être loin de ses êtres chers est peut-être plus difficile pour le prisonnier que d’être loin du confort de sa maison. Une maison n’est telle que jusqu’à ce qu’elle soit habitée par les gens ou la personne qui prendront soin de vous, vous accepteront et vous procureront de la joie.
Dans cette vie, ceux que nous aimons nous déçoivent, ils nous font du mal, ils tombent malades et meurent. Mais pour le mécréant, la vie temporaire est tout ce qu’il croit avoir et il transforme ses êtres chers en sa seule chance d’acceptation, de joie et d’amour réciproque.
C’est comme la personne en prison qui ne sait pas qu’elle est réellement en prison ou même que c’est temporaire. Ce prisonnier inconscient prend ses compagnons de cellule et ses codétenus comme ses seuls proches. Même si, tout le temps, il a quelqu’un à l’extérieur de la prison qui l’attend pour lui donner les soins et l’amour ultimes, mais il a refusé de croire que cet être existe.
Cependant, le croyant comprend qu’il est loin d’Allah, le propriétaire de l’amour et de la vraie destination dans la vie de ce monde. Le croyant comprend qu’il sera bientôt libéré de la prison de cette vie et sera réuni avec celui pour qui il a lutté. Il aspire à rencontrer le plus Miséricordieux et Allah lui manque profondément.
« Cette âme s’attache à Allah et à Son vrai paradis. Il veut être là », écrit Yasmin Mogahed.
« La vie d’ici-bas est la prison du croyant et le paradis du mécréant. » (Mouslim).
Pendant longtemps, j’ai essayé de minimiser l’importance de ce hadith ou même de l’ignorer, ne connaissant pas la véritable profondeur de sa signification. Mais comme la plupart des choses profondes et vraiment significatives, c’est un paradoxe.
Cette vie est une prison pour le croyant car l’âme est loin de sa vraie demeure : le Paradis et Allah.
Maintenant que j’ai une meilleure compréhension, cela me réconforte. Cela apporte un grand espoir que même si cette vie peut apporter du réconfort et de l’amour, ce n’est rien en comparaison du vrai paradis. De cette façon, je me sens comme prisonnière et je sais que ma peine est courte donc je dois profiter au maximum de mon temps.
Pour consulter le texte originel en anglais, veuillez visiter ce lien.